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Questions vives
200 millions de francophones
Selon un rapport publié par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le nombre de francophones dans le monde atteindrait aujourd'hui 200 millions, y compris 72 millions de francophones partiels. D'après ce rapport intitulé «La francophonie dans le monde en 2006-2007», publié le 14 mars 2007, peu avant la Journée internationale de la francophonie du 20 mars, cette augmentation du nombre de francophones, estimé à 175 millions dans le rapport précédent, est due à l'augmentation du nombre de personnes étudiant le français, à la prise en compte de nouveaux pays membres de l'OIF et à l'accroissement de la population de l'Afrique subsaharienne, notamment au Tchad et au Togo. On estime aujourd'hui que les francophones se répartissent en Europe, en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord dans les proportions respectives de 42%, 39% et 11%.

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Gaston Miron
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Biographie en résumé
Gaston Miron est le poète québécois le plus lu dans la francophonie. Fondateur des éditions de l'Hexagone, militant pour le français en Amérique comme en Europe, il a participé avec verve à de multiples débats politiques et entretenu des liens avec nombre d'auteurs du monde francophone. L'homme rapaillé, recueil paru en 1970 et plusieurs fois remanié par la suite, est le coeur de son oeuvre. Il s'est éteint en 1996.

Vie et œuvre
Gaston Miron poète a marqué le paysage littéraire du Québec. Avec un groupe d'auteurs de sa génération, il a franchi la frontière entre poésie régionaliste et poésie rejoignant l'universel à partir d’une identité régionale. On a comparé sa langue, pétrie des réalités mêmes du folklore québécois, à celle de Césaire ou de Frénaud. « Senghor, raconte-t-il, que j'ai rencontré deux fois, m'a dit un jour: "ce que j'admire, et que nous n'osons pas faire, c'est que vous les Québécois vous bousculez la langue, vous la..." Je ne me souviens plus du mot exact qu'il a dit. Moi, je dis qu'il faut malmener la langue. Il faut trouver le dire de soi à l'autre avec notre manière à nous qui est la manière québécoise. »1

Cependant, si on a pu le qualifier d' «ambassadeur» du Québec en francophonie, c'est aussi grâce à son oeuvre d'éditeur et à son travail militant en faveur du français. La détresse qu'il a écrit d'être « dépoétisé dans [sa] langue et [son] appartenance »2 le porte à l'action, aux dépends même de son oeuvre littéraire.

L'Hexagone, maison d'édition qu'il fonde avec un groupe d'amis, en 1953 contribuera à faire connaître des auteurs du Québec et à y enrichir la culture de l'édition. « La rigueur intellectuelle de ces jeunes gens des années 1950 imposait aussi une rigueur éditoriale que Miron a été le premier à assumer. On refusait de faire du compte d'auteur et de risquer la complaisance, tout comme, affirmait aussi Miron, il y avait le "souci d'innover et de faire professionnel sur le plan de la présentation graphique", par exemple. »3

En 1959, alors qu'une bonne part de son oeuvre poétique est déjà achevée, il part vivre à Paris dans le but d'étudier les arts graphiques à l'École Estienne.

De ces années date une longue amitié avec le poète André Frénaud.
Vingt-cinq ans plus tard, Jean Royer raconte: « Paris, 22 mars, 1984: André Frénaud nous reçoit chez lui, rue de Bourgogne. Il aime beaucoup Gaston et c'est avec émotion qu'il nous lit à haute voix, avant toute autre conversation, son poème «L'orpailleur Miron », publié dans son récent recueil Haeres (Gallimard):
Il n’entrebâille pas, il ouvre grand,
il raille sans ravaler l’autre, il rit généreux,
il ne rempaille pas, il réinvestit
ces mots, ces tournures qu’on croyait partis...
Rameutant le flux, il leur rend leur dû,
quand il s’en ripaille et nous en fait don.

Et nous nous reconnaissons vrais dans sa parole,
étonnés un peu et ragaillardis,
comme il se retrouve nôtre sur l’ancienne rive,
rapaillé, pudique, débraillé, râpeux,
l’orpailleur Miron du Québec. 4

À partir de cette époque, il entretiendra des relations vivantes et fructueuses avec des auteurs et gens de lettres français. Il rencontrera Jean-Pierre Faye, Henri Meschonnic, Guillevic, Maurice Roche, Charles Dobzynski, Michel Deguy, Pierre Oster, Alain Bosquet, Georges-Emmanuel Clancier, Lionel Ray, Gérard Le Gouïc, Robert Marteau et Richard Millet. Bernard Pivot le recevra à l'émission Apostrophe, en 1981. Au fil des voyages, il fraternisera également avec des francophones d'origines diverses: Rita Gombrowicz, veuve de Witold Gombrowicz (Pologne), Edouard Maunick (l'île Maurice), Werner Lambersy (Belgique), Tahar Bekri (Tunisie). Son ami Edouard Glissant (de Martinique) préfacera l'édition de L'homme rapaillé chez Gallimard après la mort du poète. L'écrivain Michel Host (Prix Goncourt 1987) évoque sa personnalité à travers le personnage d'un de ses romans.

Jusqu'à la fin de sa vie, il retournera régulièrement en France, notamment pour participer aux débats de l'Académie Mallarmé. En 1993, ce sera pour recevoir les insignes de Commandeur des Arts et des Lettres de la République française. Il aimait y voyager:
    « Gaston Miron aimait la France. Il savait faire partager cet amour. Les poètes de ma génération ont dit leur appartenance à la terre d'Amérique, mais Miron a toujours insisté pour que nous gardions aussi l'oeil ouvert sur notre origine européenne, française. Cette culture, cette langue françaises, il les admirait et les considérait comme essentiels dans l'aventure de notre affirmation sur notre propre territoire et dans le monde. Pour Gaston Miron, la France était, après le Québec, le lieu privilégié de diffusion de notre culture.»5

Amour sans complaisance, qui le portait à l'occasion à exiger, à lancer des cris d'alarmes.

Tel celui lancé en mai 1992, par enregistrement, au milieu d'un débat à la télévision française: « Tout abandon de souveraineté excessif affecterait la langue elle-même et l'identité de la France. Et cela aurait des répercussions dans l'ensemble de la francophonie car la France est le coeur battant de la francophonie. »6

La même année, il sera parmi les deux cent cinquante auteurs et intellectuels signataires du Manifeste pour l'avenir du françaisoù on énumérait « une série de secteurs d'où le français " est de plus en plus souvent banni en France " : entreprises " de pointe ", colloques organisés avec des fonds publics, travaux du Centre national de la recherche scientifique, films à capitaux français, etc. ", ajoutant que "les partisans du tout-anglais " en France sont de plus en plus entreprenants et contribuent à faire douter de leur langue les Français et à ébranler son crédit dans d'autres pays. »7 Adressé au gouvernement de Mitterrand, le manifeste demandait une action politique en faveur du français dans le monde et un engagement envers la Francophonie. (Son auteur, le français Dominique Noguez est le même qui lançait un pétition en France, en 1970 pour la libération de Miron emprisonné en vertu de la loi des mesures de guerre.)

Trois ans plus tard, Miron signe un Point de vue d'un groupe d'intellectuels québécois, notamment avec Jean-Marc Léger, mettant les Français en garde contre la ratification du traité de Maastricht sur l'Union européenne:
    « Par la gravité de l'enjeu, par l'ampleur des conséquences prévisibles — qui vont bien au­delà du texte même des accords —[le traité de Maastricht] intéresse vitalement tous ceux pour qui l'Europe dans sa diversité et la France dans son identité signifient encore quelque chose d'essentiel dans le monde. »8

Au dire de ses proches, la plus grande préoccupation de Miron à la fin de sa vie concernait la survivance de la langue : « Il voulait savoir si nous allions encore parler français dans l'avenir ou si la présence impérialiste de la langue anglaise et américaine allait balayer notre héritage. »9 « Il avait, ajoute sa compagne Mme Beaudet, la hantise de la disparition : il craignait que ce que toutes les générations précédentes avaient apporté au Québec puisse ne pas laisser de traces. Il n'avait pas peur d'être oublié, lui, même s'il avait une peur bleue de mourir. Il craignait plutôt que tout ce pour quoi il avait combattu puisse disparaître. »10

Notes
1. Gauvin, Lise, L'écrivain francophone à la croisée des langues, entretiens, éditions Karthala, Paris, 1997, 182 pages, p.63.
2. « Monologues de l'aliénation délirante », dans L'Homme rapaillé
3. Royer, Jean, « Gaston Miron l'éditeur, Un homme d'action », quotidien Le Devoir, Cahier spécial, samedi 21 décembre 1996, p. A8.
4. Royer, Jean, Voyage en Mironie, une vie littéraire avec Gaston Miron, Fides, 2004, 282 pages, page 53.
5. Beausoleil, Claude, « Gaston Miron l'ambassadeur », quotidien Le Devoir , Cahier spécial, samedi 21 décembre 1996, p. A6.
6. Gallet, Dominique, Pour une ambition francophone, L'harmattan, 1995, 165 pages, voir l'extrait suggéré.
7. Peroncel Hugoz, Jean Pierre, « Dans un manifeste Pour l'avenir de la langue française deux cent cinquante personnalités demandent à M. Mitterrand de réagir contre le " tout-anglais " », quotidien Le Monde, 6 juillet 1992, p. 22.
8. Gallet, Dominique, Pour une ambition francophone, L'harmattan, 1995, 165 pages, voir l'extrait suggéré.
9. Cité par Laurin, Danielle, « La voix de Miron », quotidien Le Soleil, dimanche 6 février 2005, disponible en ligne.
10. ibid.






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