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Extraits de livres
Pour une ambition francophone

Dominique Gallet
L'harmattan



À son retour en France, suite au Sommet de Québec de 1987, Dominique Gallet découvre avec stupéfaction un article d'Alain Besançon dans l'Express.

Dossier
Chronologie commentée
Chronologie

Titulaire : Jacques Dufresne




Chronologie
1880 (circa) : Le géographe Onésime Reclus utilise pour la première fois le mot francophonie.

Pour ce qui est de la France, on note un plus grand intérêt pour la Francophonie à droite qu'à gauche sur la scène politique. L'histoire de la famille Reclus, telle que la résume Jean-Marie Borzeix, dans Les carnets d'un francophone, offre une consolation à ceux qui s'en attristent.

«Au milieu du XIXe siècle, le pasteur béarnais Reclus et sa femme donnèrent naissance à cinq fils : Élie, Élisée, Onésime, Armand et Paul. Rarement descendance fut si peu conforme à son patronyme, si curieuse du monde, si audacieuse, si remuante. Géographes, Élisée et Onésime se partagèrent la planète, parcoururent l’Europe, les Amériques, les Caraïbes, l’Afrique. Mi-ethnologue, mi-explorateur comme son frère Élie, Armand sillonna, lui, l’Amérique centrale. Quant au dernier, Paul, devenu un chirurgien célèbre, il favorisa l’usage de la cocaïne comme analgésique et donna son nom à une maladie.

La fratrie n’était cependant pas saisie seulement par l’ivresse de se précipiter vers les terres lointaines et les ignorances à dissiper. Elle appartenait au parti du mouvement, dans un autre sens. Républicains avec passion, les frères Reclus furent en effet de tous les soulèvements révolutionnaires, sur toutes les barricades, celles de 1848 comme celles de la Commune. Élie fut un éphémère directeur de la Bibliothèque nationale, nommé par la Commune quelques semaines avant son écrasement. Les uns et les autres payèrent cher leur engagement: proscrits par Napoléon III après le coup d’État du 2 décembre, proscrits puis bannis après la victoire des Versaillais, ils surent profiter de leurs exils forcés pour se lancer dans de nouvelles pérégrinations au bout de la terre.

Des frères Reclus, celui qui nous intéresse ici, c’est Onésime. Car c’est à lui que revient le mérite singulier d’avoir, au lendemain de la guerre de 1870, inventé le mot de francophonie. Pas seulement le mot, mais le "mot didactique", comme disent les spécialistes. Autrement dit le concept. Il n’est pas sans intérêt de noter que le mot et l’idée ont ainsi germé dans une famille hors du commun, porteuse des idéaux des Lumières, assoiffée de progrès, à la gauche de la gauche de l’époque, animée à la fois par un amour passionné de la France et par une curiosité insatiable à l’égard des cultures étrangères dispersées dans le vaste monde.»

1936 : L'histoire de la civilisation africaine de l'ethnologue allemand Frobenius est publiée en français.

Il en résultera pour les Africains un sentiment de fierté et d'égalité qui rendra possible leur adhésion à la Francophonie.

1944 : Le discours de Charles de Gaulle à Brazzaville





C'est ce discours qui, selon Léopold Senghor et plusieurs autres observateurs, marqua le début du processus qui conduira à la francophonie.

«Où donc une telle réunion devait-elle se tenir, sinon à Brazzaville, qui, pendant de terribles années, fut le refuge de notre honneur et de notre indépendance et qui restera l'exemple du plus méritoire effort français?[...]

Est-ce à dire que la France veuille poursuivre sa tâche d'outremer en enfermant ses territoires dans des barrières qui les isoleraient du monde et, d'abord, de l'ensemble des contrées africaines ? Non, certes! et, pour le prouver, il n'est que d'évoquer comment, dans cette guerre, l'Afrique Équatoriale et le Cameroun français n'ont cessé de collaborer de la façon la plus étroite avec les territoires voisins, Congo belge, Nigeria britannique, Soudan anglo-égyptien, et comment, à l'heure qu'il est, l'Empire français tout entier, à l'exception momentanée de l'Indochine, contribue dans d'importantes proportions, par ses positions stratégiques, ses voies de communications, sa production, ses bases aériennes, sans préjudice de ses effectifs militaires, à l'effort commun des Alliés. Nous croyons que, pour ce qui concerne la vie du monde de demain, l'autarcie ne serait, pour personne, ni souhaitable, ni même possible. Nous croyons, en particulier, qu'au point de vue du développement des ressources et des grandes communications, le continent africain doit constituer, dans une large mesure, un tout. Mais, en Afrique française, comme dans tous les autres territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n'y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n'en profitaient pas moralement et matériellement, s'ils ne pouvaient s'élever peu à peu jusqu'au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C'est le devoir de la France de faire en sorte qu'il en soit ainsi.»

1953 : Le journaliste et historien québécois Jean-Marc Léger appelle de ses voeux une union culturelle française.

En octobre 1953, Jean-Marc Léger avait l’occasion d’exposer à des personnalités politiques françaises dont le ministre des Affaires étrangères, M. Georges Bidault, puis le président de la République, M. Vincent Auriol, l’idée de la création éventuelle d’une Union culturelle française pour des fins de connaissance mutuelle, de dialogue des cultures et de promotion de la langue commune. On notera que le journaliste de l’agence France-Presse avait parlé d’une union "spirituelle", ce qui exprimait au fond la véritable signification de l’entreprise, felix culpa ! »

«Parviendra-t-on à créer une "Union française spirituelle" comprenant tous les pays de culture et de langue françaises ? C’est ce que M. Jean-Marc Léger, directeur fondateur de l’Accueil franco-canadien de Montréal et rédacteur à la Presse, est venu proposer à Paris.

Le projet est certes ambitieux, mais le moment paraît bien choisi car on peut observer qu’un mouvement dans ce sens se développe incontestablement depuis la libération. On peut en trouver une preuve dans le fait que s’est fondée, il y a deux ans, une union d’un caractère volontairement limité à des intérêts professionnels communs, l’Association internationale des journalistes de langue française, dont le président est un autre Canadien, M. O’Leary, rédacteur à la Patrie. L’association tiendra sa première réunion générale à Montréal en juin 1954.


Là aussi, la principale impulsion vient du Canada et c’est là un fait important : certes, on a toujours cru, à Paris, qu’en dehors de la France et des territoires d’outre-mer constituant l’Union française proprement dite, il y a assez de pays où la culture et la langue française sont demeurées vivantes pour que l’on puisse constituer un bloc homogène, non dans le domaine politique mais culturel. Un aspect intéressant du projet de M. Léger est que ce ne soit pas un Français mais un Canadien qui le mette en avant. Cela prouve, en effet, que ce mouvement correspond à un vœu réel en dehors des frontières de la France elle-même.
»

1961 : Création à Montréal de l'Association des Universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF, ancêtre de l'AUF).

1962 : Le francais langue vivante. C'est le thème du numéro de novembre de la revue Esprit. Ce sera l'événement intellectuel fondateur de la francophonie.

Rétrospectivement, l'importance de ce numéro est plus manifeste peut-être qu'elle ne le fut au moment de sa publication. 1962! En Afrique c'était l'époque des indépendances, au Québec celle de la révolution tranquille, en France celle des lendemains de l'empire. Il fallait que tous ceux qui, dans le monde, restaient attachés à la langue française, même si elle n'était pas la seule langue de leur pays, ni toujours une de ses langues officielles, puissent se soutenir mutuellement. Il fallait que la France propose un nouvel avenir à tous ces jeunes qui devaient renoncer à une carrière dans l'empire. Le marxisme s'imposait dans les anciennes colonies et, en France, parmi les intellectuels. Il proposait une solidarité mondiale fondée sur une classe sociale. Pour Jean-Marie Domenach, directeur de la revue Esprit, ce n'était pas là une solution viable. Il entrevoyait plutôt une solidarité fondée sur la langue et la culture françaises. Aidé de Camille Bourniquel, il rassemble des collaborateurs de toutes les régions de l'actuelle Francophonie: le Sénégalais Léopold Senghor et le Québécois Jean-Marc Léger sont de ce nombre. Le premier fera l'éloge de la langue française et proposera une définition de la Francophonie, le second soutiendra que la défense et l'illustration de cette langue est la responsabilité commune de tous les francophones du monde.

Ce numéro a le rare mérite d'appartenir au passé, ce qui en fait un lieu de réconcialition entre les opinions opposées et d'être une anticipation visionnaire des grandes questions actuelles, ce qui permet de mieux comprendre le présent en l'observant d'un passé qui est aussi une altitude. Il suffit pour s'en convaincre de relire le liminaire. En voici un extrait:

« La technique façonne le monde actuel, imposant des objets et des comportements semblables. Inquiètes, se croyant menacées, les cultures s'efforcent dans le même temps de retourner à leurs sources traditionnelles. Entre ces deux phénomènes grandit une contradiction : pour un peuple est-ce perdre son âme que d'entrer dans le circuit d'une civilisation planétaire ? Est-ce se trahir lui-même que de parler la langue d'un autre afin de se sentir plus à l'aise dans ce circuit ?

Paul Ricœur écrivait récemment 1 : « L'histoire des hommes sera de plus en plus une vaste explication où chaque civilisation développera sa perception du monde dans l'affrontement avec toutes les autres. Or ce procès commence à peine. » La constitution de vastes ensembles linguistiques va dans le sens de cet affrontement. Mais il ne s'agit plus d'une pression sur le colonisé: pour être au niveau de la communication mondiale, pour entrer plus vite dans les secrets de la technique, des nations nouvelles recourent à des langues que l'histoire a dotées d'une fonction supra-nationale. Le français est l'une d'elles.

A partir de là, se posent des problèmes à peine entrevus. Entre ces langues vernaculaires et la langue véhiculaire quels seront les rapports ? Elimination ? Contamination? Bilinguisme ?... Et quelles conséquences pour les usagers et pour les cultures traditionnelles ? Enfin, dans le nouvel espace linguistique ainsi défini entre des communautés différentes par la race, le climat ou le niveau social, peut-on espérer que s’imposera le sentiment d'une solidarité, d'une responsabilité commune ? »

1969-70 : Deux conférences intergouvernementales ont lieu consécutivement à Niamey au Niger. La seconde se termine par la signature de l'accord créant L'Agence de la coopération culturelle et technique, ACCT. Lors de la conférence de 1969, le ministre français de la Culture, André Malraux, prononce une conférence, dont nous citons plus loin un extrait. La tension entre le Québec et le Canada, aggravée par une certaine déclaration de Charles de Gaulle à Montréal en 1967, n'échappe pas aux observateurs à cette même conférence. Pour franchir la prochaine étape dans la mise en place des institutions de la Francophonie, il faudra attendre que le Québec et le Canada s'entendent sur la place qu'ils occuperont en tant que membres distincts. Ce sera long. C'est l'une des raisons pour lesquelles le premier Sommet des chefs d'État n'aura lieu qu'en 1986, à Paris.

1970 : Création à Niamey de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, ancêtre de l'actuelle OIF, Organisation internationale de la Francophonie.

1986 : Sommet de Paris. Naissance de la Francophonie institutionnelle telle que nous la connaissons aujourd'hui.

2005 : Adoption de la Charte de la Francophonie







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