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@: prononcer ad
Mais puisque il vient du latin, il est totalement absurde et affecté d'affubler l'arobase de la prononciation at, en cédant à la confusion avec une préposition anglaise de sens et de prononciation proche. Il faut bien prononcer ad l'@ de vos adresses électroniques. Honni soit qui mal prononce !

Document associé
Les carnets d'un francophone
Dossier: Internet

Jean-Marie Borzeix
Cet ancien directeur de France Culture, qui aurait facilement pu trouver en France un éditeur pour son dernier livre, les Carnets d'un francophone, a choisi un éditeur québécois, Boréal, ce qui donne du poids à sa dénonciation des isolats: «Même le meilleur livre publié à Montréal n'a guère de chance de toucher immédiatement le public français.»
Présentation
Nous reproduisons ici un article paru dans Lettre(s), la revue de l'ASSELAF, numéro de août-septembre 2006.

Extrait
«L'espace imaginaire, indissociable de l'utopie francophone, devient la réalité. Grâce à Internet. Un monde multipolaire, où chacun peut aspirer à devenir le centre d'émission d'un message, où chacun peut entrer en contact dans une relation particulière avec quiconque parle sa langue, n'est-ce pas à la fois l'utopie de la francophonie et la réalité de la Toile ?»

Texte
Au cours de l'année 2005, la SNCF n'a malheureusement pas été la seule à verser dans l'anglomanie commerciale. Air France, désormais associé à KLM, a rebaptisé son ancien programme de fidélisation, connu sous le nom de Fréquence Plus, en Flying Blue, alors qu'Air Canada, compagnie d'un pays bilingue, propose le programme Aéro Point, compréhensible par tous. Renault a de son côté lancé une nouvelle voiture en faisant suivre le nom du modèle par : by Renault. Ces décisions d'ordre linguistique paraissent sans doute subalternes aux cadres décideurs de ces grandes entreprises. Elles n'en n'ont pas moins été prises, en dernier ressort, par leurs présidents, Jean-Cyril Spinetta et Louis Schweitzer.

À la différence des adeptes du laisser­faire, je crois qu'une langue doit être défendue et qu'elle peut même être sauvée si elle est menacée. Pas tant par des lamentations, des anathèmes et des combats d'arrière-garde que par une politique. La France a élaboré des politiques culturelles astucieuses et efficaces pour favoriser son cinéma, sa chanson, sa litté­rature, son théâtre, etc. Comment ces poli­tiques sont-elles concevables sans une politique de la langue qui les soutient ? Une politique qui ne soit pas seulement répres­sive mais qui soit fondée en priorité sur l'école. Une vraie politique impliquant la volonté du pouvoir de faire voter des lois par la majorité parlementaire du moment, et de les appliquer. « Des lois, vous en avez ! » dira-t-on. Il est vrai que, de Pierre Bas à Jacques Toubon, quelques hommes politiques téméraires — plus souvent de droite que de gauche — ont donné leur nom à des textes législatifs destinés à « défendre » la langue française. Las, ces textes sont si peu appliqués qu'on les croit tombés en désuétude.

Ainsi, Bruxelles aidant, l'angloaméricain étend-il son règne exclusif sur les étiquettes et les modes d'emploi des objets de notre vie quotidienne.

Depuis le 25 juin 1992, selon l'article 2 de la Constitution, « la langue de la République est le français ». Mais quel candidat à la présidence de la République française aura le courage d'inscrire la poli­tique de la langue — pas seulement répressive, pas seulement défensive, il va de soi — parmi les priorités de son programme, à côté de la lutte contre le chômage et l'in­sécurité, de la résorption de la dette et du trou de la Sécu ? J'entends déjà en écho : « Vous croyez vraiment qu'il y a urgence?»

La fin des isolats
«Parmi les soixante-trois pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie, la plupart ne disposent pas de liaisons aériennes directes avec la majorité de ses partenaires. Beaucoup, en Afrique notamment, n'entretiennent pas de lignes régulières avec leurs voisins proches. Comment aller de Ouagadougou à Niamey, de Bangui à Conakry ? Les liaisons terrestres et maritimes sont souvent malaisées, voire inexistantes. En conséquence, les marchandises circulent mal ou pas du tout d'un pays à l'autre.

Parmi ces marchandises, les livres et les journaux ont pris l'habitude de ne pas passer les frontières. Même entre pays riches. Chacun vit chez soi, entre soi. Le monde des francophones est encore constitué d'isolats. Accueillant son ami Senghor à Fort-de-France en 1976, Aimé Césaire lui lança à la figure cette évidence : « En fait, nous sommes des isolés et des hommes sans dialogue. »

Mais une révolution est en cours qui va changer la donne. L'espace imaginaire, indissociable de l'utopie francophone, devient la réalité. Grâce à Internet. Un monde multipolaire, où chacun peut aspirer à devenir le centre d'émission d'un message, où chacun peut entrer en contact dans une relation particulière avec quiconque parle sa langue, n'est-ce pas à la fois l'utopie de la francophonie et la réalité de la Toile ? Une fois encore, les visions des poètes ont précédé les découvertes des scientifiques. Le monde de la communication d'hier était vertical, celui de la communication de demain sera horizontal. À l'égard de la Toile, beaucoup de francophones, à l'exception notable des Canadiens, ont dans un premier temps manifesté plus de méfiance que d'intérêt. Ils ont redouté que la machine et le système, élaboré par des militaires américains, ne soient un rouleau compresseur appelé à écraser les différences linguistiques et culturelles, à unifor­miser la planète. Disons-le tout net (sans jeu de mot), ils ont eu une grande frayeur pour leur langue. Ils découvrent depuis peu qu'il s'agit peut-être pour elle d'une chance inespérée. Le français étant l'une des rares langues présentes sur tous les continents et la seule avec l'anglais dont les pratiquants sont à ce point éloignés les uns des autres sur la Terre, la Toile peut tisser entre eux des liens jusqu'ici inimaginables.»

Source
Borzeix, Jean-Marie, Les Carnets d'un francophone, Boréal, Montréal, 2006.
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