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"De langue française" ou "francophone" ? |
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Texte |
Les premières organisations qui se donnèrent pour mission de réunir, à des fins de coopération, les personnes et les institutions de langue française, n'ont pas utilisé le qualificatif de «francophone». Ce n'est qu'à partir des années soixante-dix environ que les termes de «francophonie» et de «francophone» commencèrent à se répandre et finirent par s'imposer. Ces vocables présentent l'avantage, il est vrai, de la simplicité et de la brièveté, ce qui allait faire leur fortune dans une époque friande de slogans et de formules choc. Pourtant, les premières conférences des Chefs d'État et de Gouvernement retinrent d'abord l'expression de «pays ayant en commun l'usage du français» et, plus tard, de «pays ayant le français en partage». Il n'empêche que les nouveaux statuts de la communauté consacrent les termes de «francophonie» et «francophone». L'ancienne Agence de coopération culturelle et technique s'appelle désormais Agence de la Francophonie cependant que l'AUPELF-UREF est devenue Agence universitaire de la Francophonie. L'appellation est consacrée, il faut en prendre acte, tout en sachant qu'elle est porteuse d'ambiguïté. Il n'existe toujours pas de définition du pays ou de la région francophone, pas plus que de la personne, de l'individu francophone.
Il a peut-être été imprudent de consacrer officiellement l'usage de vocables à ce point porteurs d'équivoques, sortes de vastes auberges espagnoles où chacun trouve ce qu'il y apporte. De toute façon, «francophone» va subsister : il a, encore un coup, les avantages de la brièveté et de la simplicité, ce qui enchante les médias. Et il comporte une part de flou qui, autorisant toutes les interprétations, toutes les acrobaties, fait l'affaire des politiques. Personne n'a vraiment envie de clarifier le vocabulaire. |
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Source |
Jean-Marc Léger, Le temps dissipé, souvenirs, Montréal, Éditions HMH, 1999, p. 362-363. |
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